Le sexe peut-il rendre heureux plus d'une heure ?

Bon anniversaire Eric!

Aujourd’hui, tu m’as posé une question : le sexe peut-il rendre heureux plus d’une heure ? Loin de moi l’idée un peu simplette de répondre qu’on peut aussi baiser toute la nuit si on veut… Tu l’as voulu, tu l’as eu, donc tu vas le lire jusqu’au bout le billet…

Je n’ai jamais été très douée en philo, même si j’avoue que les 4 heures de calme mensuelles des devoirs qu’on nous imposait n’était pas pour me déplaire puisqu’elles m’évitaient d’avoir à entendre la voix de mes adorables camarades de classe, donc j’éviterai de faire une thèse-antithèse-synthèse. De toute façon, je vais droit au but. Je n’ai jamais su dépasser les 4 pages de masturbation intellectuelle sur des sujets dont je me brossais copieusement et dont je me brosse toujours aujourd’hui… Donc je ne commencerais pas par une définition du sexe, du bonheur, de ce qu’on appelle vraiment « être heureux »… Comme tu disais bien dans ton mail, le sexe, c’est bon, mais après ? Bah après, c’est là que ça commence… En tout cas pour moi.



Sans le sexe, je crois que je serais encore une petite fille peureuse, cachée sous des couches de fringues difformes qui ne laissent rien deviner. Pour moi, ça a été un apprentissage, long et douloureux, un déblocage progressif pour prendre conscience de mon corps et de ce que je pouvais en faire. Je ne vais pas faire de généralités ici, parce que chacun vit sa sexualité comme il le sent, mais pour moi il s’agit bien de me découvrir un peu plus à chaque fois. En grandissant (qui a dit « vieillissant » ? Sortez…) on devient plus fort des expériences passées, on se libère de nos peurs, on en gagne d’autres, on apprend à les gérer, à s’en séparer.

Ces heures partagées avec différents partenaires, qu’on n’en partage qu’une ou des centaines, sont extrêmement précieuses si on n’a pas peur de regarder en arrière et de se demander ce que l’on a vraiment ressenti. Tous ces hommes ont laissé un message derrière eux, souvent sans le savoir. Certains ont eu la patience de s’attaquer à des complexes, d’autres ont pris le temps d’explorer avec moi, etc. Untel m’a appris que je pouvais ouvrir les yeux, qu’il ne m’arriverait rien de grave, qu’il faut être conscient de ce que l’on fait et vivre le moment. Machin m’a montré comment me lâcher petit à petit, Bidule m’a appris la technique, le suivant m’a aidé à ressentir. C’est un échange de bon procédé…

Il y a le plaisir, soit, et l’expérience. Mais tout ça n’est rien comparé à la véritable encyclopédie sensorielle qui s’agrandit de jour en jour. Et tu sais certainement mieux que moi que le corps garde en mémoire toutes les expériences vécues… Alors quand Maxime m’appelle après une séance particulièrement sportive avec le Soufflé et me dit « je te sens bien joyeuse » et que je lui réponds « oui, je viens de me faire embrocher sauvagement… », ça va plus loin que ça. En réalité, je viens de passer quelques heures avec un homme qui n’est peut-être pas un prix Nobel de littérature, mais qui me veut du bien et avec qui j’apprends sur moi, je découvre des sensations, des choses que j’aime, et avec qui il y a du respect. Et je ne parlerai même pas du magnifique glow post-good sex… Ce glow là, c’est celui qui attire les hommes parce qu’ils te voient épanouie et resplendissante. Mieux que la cosmétique, un véritable cercle vertueux…

Alors oui, Eric, le sexe me rend heureuse plus d’une heure. Il me rend heureuse même pendant les périodes de vaches maigres, les traversées du désert dans ma culotte, parce qu’à tout moment je peux me rappeler que j’ai quand même parcouru un sacré bout de chemin. Et que ça, personne ne peut me le reprendre…


Et bon anniversaire !