Dr. Carotte

Bon, les enfants, je parle rarement de mon passé, mais aujourd’hui, j’ai envie de vous raconter l’histoire de ma libido débordante. Au début, j’étais chaude comme une baraque à frites. Puis petit à petit, j’ai arrêté d’être chaude et humide et j’ai commencé à être froide et sèche. Puis je suis redevenue chaude comme une baraque à frites. FIN

La raison du passage à vide, j’ai mis du temps à la trouver (l’Ex m’a soutenu pendant des mois dans ma quête du retour à la chauderie tout en se paluchant furieusement…) Et quand je l’ai enfin trouvée, j’ai été voir le Dr. Carotte.

Dr. Carotte, il est trop cool, on peut lui parler de tout. Sa femme, l’Assistante Carotte, elle est super aussi. C’est le combo gagnant de la consultation gynéco, celle où quand tu sors t’as tout compris et en plus t’as l’impression d’avoir le plus beau vagin du monde. Donc il y a bien longtemps, je suis rentrée dans le cabinet du Dr. Carotte et je lui ai dit : « Docteur, ma libido est partie, je suis sèche de chez sèche, il faut faire quelque chose. Je veux arrêter la pilule.
-    Bien, Sunday. Vous voulez arrêter la pilule… Bon. Ben arrêtez !
-    Non, non, vous comprenez pas. Je veux arrêter la pilule mais je peux pas rester sans rien, vous voyez ?
-    Ah oui, je vois… Bon. Et qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? »

Il m’a demandé ça comme s’il me demandait ce que je voulais pour mon goûter. Moi, j’avais déjà ma petite idée mais je voulais avoir son avis.

« J’aimerais quelque chose sans hormones.
-    Ah, c’est un bon début ! Bon, y’a pas 36 solutions hein… C’est stérilet ou préservatif.
-    Euh oui… Je penchais plus pour le stérilet. Vous en pensez quoi ?
-    J’en pense beaucoup de bien. Il peut y avoir une légère augmentation des règles, il faut le savoir.
-    Oui oui, j’ai lu ça sur Internet… Ca peut pas être bien méchant, de toute façon.
-    Non, rien de bien méchant. »

A ce moment là, j’aimais encore beaucoup le Dr. Carotte, il était plein de franchise. Je me disais que mes 3 jours de règles normales suivis de 2 jours de règles ridicules ne pouvaient que se transformer en 3 jours de chutes du Niagara suivis de 2 jours de règles normales. Et j’étais prête à tout pour récupérer mes hormones naturellement riches en libido très en forme. Le rendez-vous fut pris pour le deuxième jour de mes prochaines règles.

Allongée sur la table d’auscultation, les pattes écartées, un drap cachant la zone à traiter, je tape un brin de causette avec l’Assistante Carotte. Son rôle est de me détendre et de commenter le match pour pas que je sois prise par surprise. Le Dr. Carotte entre dans la salle et s’installe entre mes jambes.

« Bon, voyons un peu… Je vais commencer l’exploration. »

La tâche porte bien son nom puisqu’il est derrière une paire de jumelles, un petit bâtonnet entre les mains…

« Je cherche à voir s’il y a de la place pour le stérilet.
-    Ah oui ?
-    Oui. Bon, j’y vais. Si la sonde passe, c’est que c’est bon.
-    Ok… AAAAAAAPUTAINDETAMÈRE. Euh… Ca fait un peu mal là…
-    Oui, je me doute bien, c’est très étroit… Vous avez bien pris ce que je vous ai dit de prendre ?
-    Vous êtes en train de me demander si je me rappelle m’être mis un suppo dans les toilettes du bureau il y a une heure ? La réponse est oui.
-    Bon ben vous devez être étroite naturellement alors.
-    Mon mec est du même avis dernièrement… C’est marrant non ? Non ? C’est pas marrant ? Bon.
-    Ca passe mais je vais y aller doucement.
-    Je vous en suis infiniment reconnaissante. »

La suite du dialogue n’est qu’une longue liste d’injures destinées à sa mère et tous ses proches. Toujours est-il que je suis ressortie de là cuivrée de l’intérieur et, en théorie, tranquille pour 4 ans.

L’opération fut un succès total. En deux mois, j’avais retrouvé une libido digne de ce nom. Le problème est qu’en deux mois, j’avais aussi hérité de règles de 8 jours extrêmement abondantes… Et moi, les règles, j’aime pas ça. Du tout.

Du coup, un an après, je vais voir Dr. Carotte pour mon contrôle de routine et je lui glisse par la même occasion que j’aimerais changer de contraception pour passer au stérilet hormonal.

« Sunday, vous savez qu’il y a des hormones dans le stérilet hormonal ?
-    Oui, comme son nom l’indique…
-    Bon, prenez rendez-vous avec l’Assistante Carotte… »

Le jour J, je me ramène avec l’engin qui m’a coûté un bras et pleine d’une molécule qui est censée rendre l’opération plus facile et moins douloureuse.

« Bon, on va retirer le premier.
-    Ca me paraît être une bonne idée…
-    Bah oui, sinon on peut pas mettre le suivant… Hihi.
-    Hoho.
-    Bougez-pas.
-    Je ne bouge pas.
-    Vous êtes tendue là. Détendez-vous.
-    Facile à dire… On échange ?
-    Non, merci. Bon, j’y vais.
-    Comment ça j’y vais ? C’est quoi cette pince là ? VOUS FAITES QUOI ESPÈCE DE TROU…
-    Ayé ! »

Et là, je jubile… Après ces quelques secondes de douleur intense, il tient triomphalement le zigouigoui ridicule responsable de mes interruptions involontaires d’activité sexuelle 8 jours sur 28.

« Bon, je vais explorer pour voir si je peux insérer le nouveau dispositif.
-    Ca fait très NASA votre discours là… Comment ça « pour voir » ?
-    Bah si y’a pas de place pour le mettre, on le met pas…
-    Mais… Mais il m’a coûté un bras ce truc, il faut me le mettre Dr. Carotte. Je peux pas rester sans rien moi…
-    Détendez-vous, je vais regarder.
-    Aïe.
-    Détendez-vous.
-    Aïe.
-    Détendez-vous.
-    TA MÈRE EST UNE… VAS CHIER !
-    Bon, c’est bien ce que je craignais.
-    Quoi ?
-    Votre col là, il est complètement fermé.
-    C’est normal, je l’ai entraîné à rejeter tout ce qui pourrait avoir envie de s’installer dedans.
-    Bien, la prochaine fois vous pourrez lui dire de laisser passer la sonde du stérilet ? Sinon on va jamais y arriver…
-    Comment ça la prochaine fois ?
-    Bah oui, aujourd’hui c’est pas possible du tout.
-    Mais, vous allez me laisser partir comme ça ?
-    Non, on va vous donner une serviette, parce qu’il vaut mieux éviter les tampons jusqu’à la fin de votre cycle.
-    Une serviette ? Ca existe encore ça ?
-    Paniquez pas, ça va bien se passer… On se revoit le premier jour de vos prochaines règles. On finira bien par le faire rentrer !
-    Vous voulez dire que je sors de chez vous fertile là ?
-    Oui, vous êtes fertile ! Félicitations ! »

C’est un cauchemar… C’est la première fois depuis très longtemps que je suis dans cet état là. Je n’ai aucune idée du type de réactions que ça va bien pouvoir me provoquer. Vais-je obliger le suivant à superposer deux capotes ? Vais-je me mettre à aimer les enfants ? Vais-je me mettre à avoir envie d’en avoir ? C’est complètement le bordel dans mon cerveau…

Si ça se trouve, je vais jamais pouvoir faire rentrer ce bidule et je vais devoir revenir à mon ancien bordel au cuivre qui, si ça se trouve, me filera des règles de 12 jours pour se venger. Si ça se trouve, on arrivera même pas à faire rentrer le bordel au cuivre et je me retrouverai à devoir reprendre la pilule, et donc à ne plus avoir envie de baiser, et je devrai donc fermer le blog et vendre mon stock de capotes et de lubrifiant sur ebay…

Cela dit, ça devrait largement rembourser le stérilet...