vendredi 4 mai 2012

Cache ta joie

J’ai un visage qui a du mal à exprimer le neutre. On m’a souvent demandé si j’allais bien alors que je n’allais ni bien ni mal. En fait, si je n’ai pas un sourire large comme une tranche de pastèque, ca tire plus souvent vers le “Ouh là là, t’as l’air de mauvais poil” qu’autre chose. En bref, j’ai plus facilement l’air agressive, triste, préoccupée ou hautaine que rayonnante, heureuse ou tout simplement cool. Du coup, j’ai appris à forcer mes expressions dans certains contextes et ça a un avantage de poids : quand il le faut, j’arrive très bien à ne rien exprimer de négatif au lit.

Alors non, ce n’est pas être malhonnête ou même « simuler », c’est tout simplement ne pas exacerber des sentiments qui feraient du mal inutilement et ne feraient pas avancer grand chose. Une fois que le mec est à poil dans votre lit, à quoi ça sert de lui faire part de votre déception ? Après un coup de rein un peu mou, est-ce que cet amant -que vous ne rappellerez jamais et qui sait probablement que ce n’était pas votre meilleur -a vraiment besoin de se bouffer votre mine frustrée ? Non. J’opte donc en général pour l’attitude neutre.



J'avoue que parfois ça m’aurait vraiment soulagée de dire ce que je pense :

- Quand il a débandé et n’arrive pas à redémarrer : « Putain de merde, FAIT CHIER ! Prends tes fringues et dégage maintenant, laisse moi dormir. »

- Quand il parle trop : « Ta gueule et dégage maintenant, laisse moi dormir. »

- Quand il a l’impression de tourner un porno (la tête en option) : « Non mais tu te crois où là ? T’es pas filmé et en plus si tu pouvais faire carrière là dedans je serais certainement pas en train de scotcher sur ta gueule de con. Maintenant finis le travail, prends tes affaires et dégage pour que je puisse dormir. »

Mais qui veut voyager loin ménage sa monture. C’est d’ailleurs pour ça que je n’ai jamais envoyé chier le Soufflé quand il me sortait un énième commentaire sur son énorme bite…Là où j’ai plus de mal, c’est quand la déception arrive au début et que je ne m’y attendais pas du tout. Oui, je parle de la toute petite bite. Alors ouiiiiii, je vous entends déjà dire que nooooon mais c’est dégueulasse parce que tu comprends, le mec, c’est pas sa faute et il en est certainement malheureux et en plus si ça se trouve il sait faire plein d’autres trucs blablabla… On peut mettre le politiquement correct de côté trois minutes ? Cool, parce que là je voudrais vous parler d’un epic fail dans les règles de l’art.

C’était un italien, on va l’appeler… Euh… Giorgio, comme Armani, mais en probablement moins riche. Terriblement séduisant, intéressant et gentleman, il avait bien mené sa barque jusque dans ma chambre sur fond de baisers passionnés et caresses comme il faut. Tout était parfait, il savait faire monter la température, l’effeuillage était drôle, bref… Je n’étais qu’hormones et fluides, prête à le chevaucher et me faire chevaucher, tirer les cheveux et mordre quand, en sous-vêtements à califourchon sur lui, je lui enlève son pantalon et son boxer pour découvrir le plus petit pénis que j’aie jamais vu.

Et là, j’ai eu envie de :
- Hurler de rage,
- Pleurer,
- Balbutier entre deux hoquets « Non mais qu’est-ce que tu veux que je fasse avec ça ? Je vais rien sentir et tu vas flotter dans la capote… »

Au lieu de ça, j’ai adopté l’attitude neutre genre « je n’ai rien vu, tout va bien, pouet pouet camembert, je continue sur ma lancée ». Oui mais UN QUART DE SECONDE TROP TARD. Un quart de seconde pendant lequel nos regards se sont croisés et il a vu que j’étais déçue. Et sa tête à ce moment là, je peux vous assurer que je m’en souviendrai toute ma vie. Alors vous pouvez me dire et me redire que c’est pas de sa faute mais à ce moment là, j’avais très envie de me faire méchamment embrocher et ça, c’est pas de ma faute non plus.

La suite des évènements s’est plutôt bien déroulée, on a été très inventifs et passé un très bon moment. On a même pris le petit déjeuner ensemble, c’est dire à quel point il était sympa ce Giorgio. Nous ne nous sommes jamais rappelés mais parfois, quand j’ai du mal à dormir, je repense à ses yeux de cocker et à ce putain de quart de secondes. J’essaie de faire disparaître ma culpabilité en racontant cette mésaventure à mes amies, et c’est dernièrement Elodie qui m’a remonté le moral :

« Moi non plus je n’aime pas les petites bites, ne te sens pas coupable.
- Ca t’est déjà arrivé ?
- Non, jusqu’à maintenant j’ai eu pas mal de chance. »

Quelle ne fut pas ma surprise lorsque quelques semaines plus tard, je lis un message d’Elo au réveil : « Désolée pour ce message incongru mais j’ai besoin de partager ma peine… Ce soir est le premier où je me suis dit que je n’allais pas m’étouffer en faisant une pipe. J’ai donc compris pourquoi un jour tu n’avais pas pu masquer ta déception. »

Ah ben voilà ! ENFIN quelqu’un qui me comprend !

1 commentaire:

  1. Essaie peut-être de dire réellement ce que tu penses, un jour (à condition que ça ne blesse pas l'autre).
    Tu verras, ça fait vraiment du bien...

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