lundi 23 avril 2012

Dans le cul, le parapluie

Bon, d'accord, j'ai eu du mal.

On m’avait dit qu’ils buvaient beaucoup. Je savais aussi déjà vaguement -après des années de vacances sur les côtes espagnoles- qu’ils avaient tendance à rougir beaucoup et très vite sous l’effet de la bière et du soleil, à beugler comme des veaux quand ils sont en bande, à avoir un bide énorme et mou ou à être tout sec genre brindille sur le point de casser. Mais on m’avait aussi caché deux trois détails pour ne pas gâcher la surprise.



Je suis arrivée toute pleine de bonne volonté. J’avais rangé mes préjugés et j’étais prête à me fondre dans la culture locale malgré mon non-buvage de bière. Mais le bilan des premiers mois n’est ni positif, ni négatif, ni mitigé. Plus le temps passe et plus j’ai l’impression que chaque jour est le premier en terme d’adaptation : on en apprend tous les jours sur le mâle anglais.

Le premier que j’ai pu observer de près, c’est mon boss. La session d’entretiens m’avait permis de me rendre compte qu’il était passionné par ce qu’il faisait et complètement barré. Je m’étais dit que c’était très bien puisque j’avais aussi envie de m’amuser un peu au boulot. Le premier mois n’a pas été facile, entre adaptation au travail et à leur accent complètement incompréhensible par moment. La tête dans le guidon, je ne prenais pas trop le temps de regarder autour de moi, mais j’avais l’ouïe disponible. C’est donc à plusieurs reprises que j’ai pu entendre les mâles du bureau se permettre de lâcher d’énormes rots passé une certaine heure –quand la majorité des gens sont déjà partis.

« Très élégant… dis-je en levant les yeux au ciel.
- Bah quoi ?
- Comment ça quoi ?
- Qu’est-ce qui est élégant ?
- Non mais roter comme ça là, c’est juste dégueu.
- Ah. »

Bon, pour mon boss, c’est pas dégueu alors. Bien, bien. Et que dire de cette délicieuse habitude qu’il a à se curer le nez, les yeux et les oreilles, regarder ce qu’il a sous les ongles et se le fourrer dans le bec ? Tout le temps. Même quand il me parle. Même en réunion.

Où est donc ce chic anglais qu’on nous vend ? Parce que les premières sorties m’ont vite remis les idées en place : l’anglais n’est ni beau, ni élégant. Et quand un homme n’a pas un physique avantageux, un peu d’humour et d’esprit peuvent facilement rattraper le coup au point de le rendre irrésistible.

Esprit, es-tu là ? Non plus.

« Manon, c’est la croix et la bannière là, j’y arriverai jamais.
- Il faut persévérer non ?
- Non mais vraiment, quand je leur parle c’est un dialogue de sourds. Hier soir, j’ai rencontré un mec qui bosse dans le même secteur que moi et dans une entreprise française.
- Et ?
- Et rien. Il n’a même pas réagit, il n’a rebondi sur aucun de mes commentaires… Déprimant.
- Non mais t’as fait des blagues un peu ?
- Bah oui, tu me connais, je leur tends toujours des perches énormes. Et rien de rien. Pas un sourire, pas une réponse potable. »

Transparente, c’est le mot. L’anglais ne drague pas, et l’anglaise ne fait pas grand chose à part mettre ses fringues à l’épreuve à chaque fois quelle sort en essayant de canaliser ses bourrelets dans du 36 quand il lui faut du 42. Personne ne se regarde, personne ne se touche (toucher le bras d’un anglais, c’est preque du viol). Personne ne s’approche jusqu’à l’heure où plus personne ne tient debout et où les filles se vomissent dessus. Comme dirait Elodie, « c’est à se demander comment ils se reproduisent ».

Alors comment ça marche ?

Voici un guide de survie si d’aventure vous veniez visiter Londres avec l’idée de chopper du local.

1- Sortez tôt, surtout le vendredi :
Le vendredi, ces messieurs finissent à 17h. A Londres, on ne repasse pas chez soi pour se changer : on sort direct après le boulot, surtout si on est un monsieur. On commande la première pinte à 17h10 et on ne dîne pas ou peu. Autant vous dire qu’à 20h les pubs sont pleins de viande saoule toute rouge, pleine de gaz, très bruyante et sans aucune conversation.
Les boîtes et les concerts, c’est 22h au plus tard. Et à 3h, tout le monde dehors, donc si vous rentrez à minuit chez vous, vous pourrez considérer que vous avez dansé jusqu’au bout de la night.

2- Le froid et la pluie n’existent pas :
C’est jupe ras la touffe pour tout le monde. On voit les poils de votre chatte ? Mettez des pinces à cheveux. N’oubliez pas vos talons aiguilles à plateformes de 8cm (la plateforme, hein, donc c’est 18cm de talon en tout). Marchez avec les pieds en dedans et les jambes écartées. Sans collants, s’il vous plaît, et si possible sans culotte.

3- Choppez tôt :
Les couples se forment avant minuit. Après, il faudra spatuler. Pour chopper, il est indispensable de tituber, trouver un mec qui titube et ne pas avoir envie de parler.



La conclusion de tout ça ? Choppez des étrangers.


Toujours.

2 commentaires:

  1. Ahhhhh ! Une revenante :-)
    Tout à fait d'accord avec toi sur ton analyse sociologique. Vive les pays latins !!! C'est quoi ton prochain pays : l'Italie ?

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  2. Tu m'as manqué et c'est toujours un plaisir de te lire!

    Ils sont fous quand même ces Grands-Bretons...!

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