mercredi 15 décembre 2010

Coucher le premier soir - Chapitre 2 : Passer pour une pute

Dans la famille des raisons qui poussent une femme sur le point de défaillir de désir à ne pas coucher le premier soir, j’appelle la très connue « je ne veux pas passer pour une pute ».

Les filles entre elles se traitent facilement de pute. Ca sort tout seul. Parfois, on utilise le mot juste parce que c’est drôle dans le contexte.

« Tiens, Marie part en mission deux semaines à la Barbade dans un hôtel 5 étoiles, tout payé par sa boîte…
- Pute… »

Mathilde l’utilise même quand elle décroche le téléphone, c’est pour dire à quel point le terme est répandu…

A la base, une pute est une femme qui vend du sexe comme d’autres vendent des appartements ou des hérissons en pâte à sel. Autant vous dire que si on m’avait payé à chaque fois que j'avais couché, non seulement on aurait pu me traiter de pute à juste titre, mais en plus je serais pétée de thunes…


Beaucoup de femmes refusent de coucher le premier soir pour ne pas passer pour des putes, des filles faciles, des trainées. C’est bien de vouloir contrôler son image mais moi je trouve ça très injuste. Sans vouloir passer pour une féministe à deux balles, je commence à en avoir marre que toute la saleté de l’acte repose sur les frêles épaules (ou le fond de la culotte) des femmes. Parce que le mec qui choppe une nana le premier soir passe toujours pour un dieu. On va se mettre en situation, j’aime bien ça.

Steven et Brenda se sont rencontrés en boîte la veille. Ils se sont chauffés à mort et ont fini par faire plein de trucs pas très catholiques (avec capote) dans des positions défiant les lois de la flexibilité humaine. Le lendemain, Brenda rentre chez elle, heureuse.

Le soir même, Steven retrouve ses potes dans un bar pour descendre des bières et roter comme des porcs en se grattant les couilles comme ils ont l’habitude de faire quand ils sont ensemble.
« Alors, hier soir ? demande Greg à Steven
- Sympa.
- Comment t’es trop un killer...»

Le même soir, Alicia et Dona se retrouvent dans un bar pour siroter un Martini-tonic à la paille pour ne pas foutre en l’air leur rouge à lèvres et glousser un brin en faisant bien attention de ne pas déplacer la mèche qui tombe à 43º sur leur front.
« Hier soir, Brenda est rentrée avec un mec.
- Quoi ?
- Ouais…
- Elle arrête pas… Elle sait vraiment pas se tenir…
- C’est limite quand même. Hihihihihihi !
- Pourquoi tu te marres ?
- Non, y’a un mec mignon là-bas…
- Ah. Quelle pute cette Brenda…
- Hihihihihi. »


D’un côté, les mecs ont trouvé ça normal que Steven ait choppé une fille et l’ont même félicité. Faut dire qu’il est vachement beau, Steven. D’un autre côté, Alicia et Dona ont vu dans la conduite de Brenda une super occasion de bitcher comme des connasses, parce que ELLES, elles savent se tenir.

Tout est une question d’image, c’est fascinant.

Comment les mecs voient une fille qui couche le premier soir :
Pour les mecs de mon entourage et selon les commentaires, comme une fille qui est à l’aise avec son corps, en paix avec son esprit, qui aime se faire plaisir et passer un bon moment. Et malheureusement parfois comme une grosse cochonne qui s’est déjà pris plusieurs litres de sperme sur la gueule.

Comment les filles voient une fille qui couche le premier soir :
Parfois comme une fille qui est à l’aise avec son corps, en paix avec son esprit, qui aime se faire plaisir et passer un bon moment. Et malheureusement souvent comme une grosse nympho qui ne sait pas se retenir, un peu comme un mec. Parce que les mecs, c’est bien connu, c’est pas de leur faute, ils peuvent pas se retenir.

Comment les filles pensent que les mecs voient une fille qui couche le premier soir :
Comme une fille qui ne pourra jamais être une petite amie parce qu’elle est bien trop légère et folle du cul pour être un jour présentée à Maman.

Comment les filles pensent que les filles voient une fille qui couche le premier soir :
Comme une grosse nympho qui n’obéit qu’à sa chatte et qui vendrait sa mère pour une bite. Comme elle aime le cul et que les mecs aiment les filles qui aiment le cul, elle finira fatalement par piquer le mec de quelqu’un, et ça, c’est mal.

IRL, tout le monde s’en fout de qui couche avec qui, premier soir ou pas. Mais on croit tous que nos histoires de coucheries intéressent tout le monde* et donc que tout le monde va nous juger. Alors oui, il y a des gens qui jugent et chacun a son avis sur la question et chacun voit midi à la porte de son église au milieu du village. Et on ne peut rien faire contre la connerie des gens. Mais on oublie souvent que dans le fait de coucher le premier soir, on est deux. Les mecs n’ont aucun travail à faire sur leur conscience, alors que les femmes doivent la laver pour être en paix avec elles-mêmes et aussi pour supporter les ragots, regards en biais et autres commentaires.

Je n’ai pas de solutions pour faire taire les cons. Sauf peut-être la prison pour cons, qui est un projet en-cours avec Maxime (on va y arriver, je vous dis, y’aura plein de cons parqués dans une prison et les gens normaux seront tranquilles, en liberté !). Mais je sais par expérience que l’acceptation par les autres passe d’abord par une acceptation de ses actes. Il n’y a rien de pire qu’une fille qui n’assume pas d’avoir couché le premier soir avec un mec, ça alimente la polémique.

Alors regroupons-nous, formons un collectifs de filles qui assument et n’en n’ont rien à foutre de ce que disent les gens. Ce n’est que comme ça qu’un jour, peut-être, on en arrivera là :

Steven et Brenda se sont rencontrés en boîte la veille. Ils se sont chauffés à mort et ont fini par faire plein de trucs pas très catholiques (avec capote) dans des positions défiant les lois de la flexibilité humaine. Le lendemain, Steven rentre chez lui, heureux.

Le soir même, Kristen et Kirsten se retrouvent dans un bar pour siroter un Martini-tonic à la paille pour ne pas foutre en l’air leur rouge à lèvres et glousser un brin en faisant bien attention de ne pas déplacer la mèche qui tombe à 43º sur leur front.
« Hier soir, Brenda est rentrée avec un mec.
- Hot ?
- Grave…
- Pute… »



* Moi la première, j'en ai fait un blog...

4 commentaires:

  1. En bref : chacun fait ce qu'il veut à partir du moment où il l'assume. N'est-ce pas Sunday ?

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  2. Oui, voilà... Ca nous avance pas des masses hein ?

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  3. Une bonne piqûre de rappel sur la NON culpabilité de la coucherie du premier soir. C'est ça qui fait avancer! (je te rassure, moi ça fait bien longtemps que je ne culpabilise plus)

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  4. Le fameux complexe de la femme-mère VS la femme-amante.
    on n'en sort pas tellement on est formaté!

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