lundi 18 juillet 2011

Le Kiwi

Le Kiwi m’a ajouté à ses contacts de Blackberry 24h après que je lui ai donné mon code. Ca a commencé par un chat innocent, il me demandait ce que je faisais dans la vie et si ça faisait longtemps que j’habitais là. Je lui retournais les questions pour lui laisser le temps de placer une invitation. Dix minutes après, il me proposait un verre le lendemain soir.

Verre il y eut, discrète j’étais, sans grands espoirs ni grande envie. A ce moment, j’étais encore prise dans les méandres d’une vie pas très joyeuse, j’avais donc opté pour un jean-converses-maquillage soft qui aurait pu se transformer facilement en lingerie noire impressionnante en cas d’attraction incontrôlable. Premier verre dans un premier bar : la conversation est fluide et agréable, je remarque qu’il n’a pas de problème de confiance en lui et qu’il pourrait même en donner aux gens qui en manquent. Deuxième verre dans un deuxième bar, toujours aucun signe de bisou ni de tension sexuelle à couper au couteau. Je l’informe que je travaille le lendemain, et il me raccompagne au métro après avoir appelé ses potes, tous étudiants en MBA comme lui, pour les retrouver quelque part et retourner la ville tous ensembles comme il se doit. Il m’embrasse avant de me laisser partir et me laisse entendre que nous nous reverrons.


Et nous nous sommes revus. 4 fois. Et ça a été dur. Au bout d’un mois et demi, j’ai arrêté de compter les occasions ratées : il avait toujours un travail de groupe à terminer au dernier moment, ou des potes qui voulaient aller dans une boîte pourrie et qu’il était obligé de suivre. Et quand on se voyait, c’était toujours en semaine, pas longtemps, avant qu’il reparte à ses bouquins, sauf au quatrième rendez-vous.

Au quatrième rendez-vous, voyant qu’il parlait de ses exploits de mâle coureur de jupons, j’ai saisi l’occasion pour lui poser franchement la question.

« Dis-moi, Kiwi… Au bout d’un moment, on va coucher ensemble non ?
- Euh…
- Non parce que tu vois, j’ai pas l’habitude de ne pas coucher le premier soir. Parfois je couche au deuxième rendez-vous si vraiment j’ai pas pu la première fois mais là, c’est la troisième ou quatrième fois qu’on boit un verre chaste un soir en semaine, je commence à me poser des questions.
- …
- Surtout que tu n’arrêtes pas de me parler de filles et à quel point tu es doué et à quel point tu regrettes d’avoir une chambre trop minuscule pour ne pas pouvoir en ramener plusieurs en même temps. Donc je me dis que tu ne dis pas a pour rien, ça doit être ta manière de teaser. Félicitations, je suis très intriguée maintenant ! »

Il m’a regardé me lever et poser 5€ sur la table.

« Tu habites où ?
- Tu sais très bien que j’habite juste à côté. Mais là, j’ai pas envie. Et je crois que toi non plus. On se reposera la question quand tu auras envie que ça marche. Au revoir, Kiwi. »

En rentrant chez moi, j’ai repensé à nos conversations. Il embrasse bien et avec envie, mais je n’ai pas vraiment l’impression de lui plaire. En 4 rendez-vous, un seul compliment et je ne me suis pas vraiment sentie désirée. Il était drôle pourtant, mais il savait depuis le début qu’une fille qui course un mec dans la rue pour lui donner son numéro ne le fait pas parce qu’elle cherche des amis avec qui boire des verres... Je n’ai plus eu de nouvelles du Kiwi jusqu’au week-end où Mathilde était là. Encore une tentative ratée où il m’a fait croire pendant 2 heures qu’il allait nous rejoindre à base de « T’es où là ? Et maintenant t’es où ? Nous on est là. On arrive. Ah non en fait. » Je l’ai donc envoyé chier une bonne fois pour toutes. Et plus de nouvelles.

Plusieurs semaines après, j’informe Lorraine que je voyais le Kiwi le lendemain.

« Il t’a recontacté ?
- Non, c’est moi.
- Tu te faisais chier ?
- Oui.
- Bon bah… Bonne chance alors ! »

Le soir de rendez-vous, je suis plus que déterminée à en découdre avec le Kiwi : il finira dans mon lit, ce n’est pas une option. Nous nous donnons rendez-vous dans un bar, déjà tard, suffisamment pour ne pas avoir à se poser de question quant à l’issue de la soirée. J’espère secrètement qu’il est prêt, car il m’a tellement vanté ses talents que je m’attends à un vrai travail de pro. Et la conversation dans le bar n’a fait que jeter de l’huile sur le feu. Le problème du Kiwi, c’est qu’au bout d’un moment, il passe de l’excitant au pathétique. Ce mec adorerait être un connard. En l’écoutant parler, j’ai repensé à Gringo qui m’a un jour dit : « Que veux-tu, je suis un trou du cul, je n’y peux rien ! ». Je lui avais répondu que porter un t-shirt avec cette phrase imprimée dessus serait plus crédible que la prononcer, mais que même t-shirt à l’appui il ne serait jamais le trou du cul qu’il aimerait tant être. « T’es un petit agneau qui aimerait bien être un rebelle. Mais c’est mignon, continue ! » Le Kiwi est malheureusement pareil : beaucoup de bruit pour rien. J’étais à deux doigts de me rendre compte à quel point.

Nous arrivons enfin chez moi et passons dans la chambre. Toute la passion qu’il avait employé à me raconter ses exploits s’est soudainement envolée. J’ai souri intérieurement : il ne sera pas à la hauteur. Il m’embrasse longuement, me caresse la taille et les hanches. Je lui enlève son t-shirt : cool, un oreiller de poils ! J’ai hâte de voir ce que ça donne en bas… Il reste debout, m’embrassant lentement et sans conviction, pendant que je m’occupe de lui défaire sa ceinture et son pantalon. Je vire mes fringues et le pousse sur le lit. Je me retrouve une fois de plus à califourchon sur un mec qui a l’air dépassé par les évènements, à la différence que là, je ne sens rien au niveau de son entrejambes : le Kiwi n’a pas l’air de bander. Je ne me démonte pas et entame une série de contorsions invraisemblables pour rétablir la situation : rien de rien. Je lui enlève donc son caleçon.

La vision est terrible. J’ai sous mes yeux un mix de Soul Man et de S., Soul Man pour la taille, S. pour l’odeur. Hors de question que je mette ça dans ma bouche. De toute façon, vu l’épaisseur de la toison, le gland dépasse à peine et je pense que je ne pourrais pas le sucer et le branler en même temps. J’ai très peu de temps pour réagir, je me remets donc à califourchon sur lui et l’embrasse fougueusement en réfléchissant aux trois options qui s’offrent à moi :

1- Me fâcher tout rouge et le virer de chez moi
2- Rire, me moquer ouvertement de son discours de connard coureur de jupon -et maintenant menteur- et le virer de chez moi
3- Faire ma victime fragile qui vit dans un monde de poneys et de licornes, même s’il est peut-être un peu trop tard pour ça.

Je choisi l’option 3. J’arrête de l’embrasser, le regarde avec des yeux qui crient la détresse et lui dit dans un soupir douloureux :

« Excuse-moi… J’ai l’impression que tu ne me désires pas… »

Big Fat Lie.

« En général, j’y arrive mieux le matin.
- Ca t’arrive souvent ?
- Oui, ça fait 4 ans environs. »

Et merde. L’option 3 est la plus relou parce que tu te tapes les explications qui vont derrière. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour qu’il se barre, sauf lui dire de se barrer. Rien n’a marché… On peut donc dire que j’ai tout gagné sur ce coup là. En plus il ronfle.

Nous nous sommes séparés le matin avant que je parte au boulot. Il est parti assez précipitamment. Je me suis sentie un peu mal pour lui : c’est pas de sa faute si ça marche pas, mais il n’a pas à se faire mousser et raconter de la merde… J’ai raconté mes malheurs à Lorraine pour me purifier et passer à autre chose.

« Ah bah tu vois, moi je pensais qu’il était gay ! »


A choisir, je sais pas ce que je préfère.

5 commentaires:

  1. Comme je le disais dans un commentaire précédent, y'a vraiment des hommes non respectueux !

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  2. L'horreur! Le pire du pire!
    Déjà le mec sale, ça calme méchamment mes pulsions. Mais si en plus il bande mou (alors qu'il se vantait d'être un étalon), c'est fini!
    Et en plus il s'incruste pour la nuit?! Non mais y'en a qui ont pas idée!!

    malheureusement, je regrette de devoir ajouter que les types du genre ne sont pas rares... :/

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  3. Mal non, mais je sais pas comment on peux être comme ça, faut vraiment vivre dans ça ptite bulle pour ne pas ce rendre compte que l'on est dégueulasse.

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