samedi 30 octobre 2010

La position de la loutre

On dit souvent qu’une baise foirée c’est forcément de la faute du mec. Je ne suis pas d’accord. Le sexe, c’est entre deux adultes consentants, il faut donc le consentement des deux (magnifique déduction). On a donc deux adultes qui vont faire du sexe. En général les deux sont nus (ou presque) et les deux doivent en retirer quelque chose de plaisant. C’est donc une responsabilité partagée, n’est-ce pas, les deux partenaires doivent faire en sorte d’avoir du plaisir et d’en procurer.

Il y a des milliers d’articles sur le plaisir qu’on peut avoir en procurant du plaisir à son partenaire, afin qu’aucun des deux n’ait à se forcer. Les magazines féminins débordent de « Hors Série Spécial Sexe » qui se répandent le fait que coucher est un acte rigolo et qu’on peut jouir en faisant jouir encore et encore, dans la plus parfaite harmonie. On nous conditionne même un peu sur le fait que tout se passe dans la tête, et que si ça lui fait plaisir, ça nous fera plaisir, surtout si la pratique s’inscrit dans ce que l’on appelle « une sexualité normale »*.


« Non, jeune fille, tu n’es pas obligée de sucer, mais pense un peu au surkiffage du type une fois qu’il aura sa bite dans ta bouche ! Mets-y du tien, tu verras, c’est pas si horrible que ça. En revanche, ne te force jamais à faire quelque chose que tu n’as pas envie de faire ! Mais quand même, pense au surkiffage du type une fois qu’il aura sa bite dans ta bouche… Mais te force pas… »

Pas les mêmes moyens pernicieux, on nous apprend à ne pas obliger un mec à nous bouffer la chatte s’il n’en a pas envie. Et de nous-mêmes-nous avons appris à les inviter à arrêter quand on sent qu’ils le font par obligation. Je m’égare, je divague, mais là où je veux en venir c’est au point suivant : les femmes ont tendance à être plus cérébrales et donc à retirer plus de plaisir d’une pratique qui fait plaisir à leur partenaire. Je me suis souvent demandé si les mecs se posaient au moins la question…

Je repense à toutes les fois où je me suis retrouvée, moi, au moins aussi souple qu’un manche à balais, en équilibre instable, une fesse sur une table et un pied sur une chaise pendant que mon autre jambe atteignait tant bien que mal l’épaule du monsieur qui s’y appuyait allègrement, maltraitant muscles et articulations ; les fois où j’ai fait l’équivalent de deux classes d’abdos-fessiers en restant en équilibre sur mes cuisses pendant que monsieur était allongé pépère en dessous ; les fois où on m’a écrabouillée sur un canapé, menaçant de m’étouffer contre l’accoudoir ; et les lendemains où j’ai marché en canard à cause des courbatures. Et je ne me plains pas de le faire et le refaire si l’effort est partagé. Mais aujourd’hui j’en ai marre des mecs qui veulent du sexe à la fois sportif, innovant et tout confort. Newsflash : ça n’existe pas. Je ne mets plus mes muscles en danger pour des mecs qui veulent une pénétration profonde mais molle. Et je n’accepte plus le missionnaire-apnée.

Fini la position de la loutre.

La position de la loutre, la dernière fois que je l’ai endurée, c’était avec le Bohémien. C’est très technique, je vais essayer de la décrire correctement pour que mesdames puissent la détecter et dire stop à temps, et que messieurs fassent un peu travailler leur mémoire pour savoir quand est-ce qu’ils l’ont fait endurer pour la dernière fois et éviter de le refaire à l’avenir. Je vous vois venir, mais que celui qui n’a jamais fait la position de la loutre jette la première pierre au Bohémien.


Qu’est-ce que la position de la loutre ?


La base de la position de la loutre est un missionnaire. Mais pas un missionnaire passionné comme ça, avec la Madame en dessous, ivre de plaisir et le Monsieur au dessus, en appui sur ses bras musclés :


Virez les avant-bras et vous obtenez un Monsieur affalé sur sa partenaire qui suffoque. Si le Monsieur colle ses bras le long de son corps, ce dernier devient un poids mort qui écrase la Madame des hanches aux épaules. Et si le Monsieur rabat encore plus ses bras pour pouvoir tripoter les fesses de sa partenaire avec ses mains, de sorte que cette dernière est obligée de replier encore plus les jambes pour rendre tout mouvement de bassin du Monsieur et de la Madame possible, là, on obtient la position de la loutre.


Comment la détecter ?

Madame : si vous sentez que vous avez du mal à respirer, que vous sentez des mains vous chatouiller mollement les fesses, que votre partenaire ne bouge presque plus, que vous avez dû relever le bassin pour échapper à une mort certaine et que tout contact visuel est devenu impossible, pas de doute, vous êtes victime de la position de la loutre.

Monsieur : si vous êtes un peu trop confort, que les mouvements de bassin son devenus impossibles, que toucher le cul de Madame c’est sympa mais qu’en même temps vous ne pouvez rien bouger d’autre et qu’en regardant votre partenaire le peu de visage que vous voyez devient bleu, pas de doute, vous êtes en train de lui faire subir la position de la loutre.


Que faire en cas de position de la loutre ?

Madame :
-    Si vous pouvez encore articuler : « Choupi, tu m’écrases, porte-toi donc sur tes bras musclés ! Tu n’imagines pas la montagne de muscles que tu es et à quel point je suis frêle ! Ta force surhumaine m’empêche de profiter de cette position fantastique dans laquelle tu n’as rien à faire ! »
-    Si vous n’avez déjà plus d’air : griffez, mordez, bavez, faites quelque chose…

Monsieur :

-    Si vous vous êtes laissé aller à l’insu de votre plein gré : pas de problème. Un seul avant bras suffit à rétablir la situation.
-    Si vous vous êtes laissé aller parce que vous êtes sur le point de vous endormir : roulez sur le côté et articulez tant bien que mal que « mmfff dodo sommeil ».

Voilà, j’espère vous avoir aidé à cerner la position de la loutre. Il y a plein d’autres positions qui mettent notre  vie en danger. Mais dernièrement, celle-ci est la plus fréquente pour moi…


Et vous, c’est quoi vos positions à proscrire ?


* Si quelqu’un veut se lancer dans la définition de la « sexualité normale », je prends…

4 commentaires:

  1. Ouf! Je n'ai jamais connu ça! Par contre je redoute de devoir me refaire le plan "debout dans la cave contre un mur en crépis"...

    Tu devrais écrire pour les magasines féminins. :)

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  2. Pas cool le mur en crépis... Vraiment pas...

    Et je crois que si je me mettais à écrire pour les magazines féminins, les jeunes pleines d'espoir se déprimeraient devant la triste réalité...

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  3. Mieaux vaut ça que la désillusion sur le fait, non?

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  4. Je dois le dire : j'ai frôlé l'apoplexie. Rouge, les veines du coup gonflées, les yeux exorbités, les abdos à la limite de l'explosion, des gouttes de sueur au front, les tympans qui battent...
    ...
    j'essayais juste de ne pas exploser de rire en lisant ce texte (en pleine réunion de travail).

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