Melle P. et Mr Fantasme

Mes amis, colocs, connaissances sont les principales sources d’inspiration de mon blog. Ils me font me poser les bonnes questions, me poussent dans mes retranchements quand je suis trop sûre de quelque chose, m’abreuvent d’histoires à dormir debout afin que nous puissions y réfléchir ensemble, étanchent ma soif de bizarre et de vice.

Melle P. est pareille. Quand elle me raconte ses histoires, je ne peux qu’écarquiller les yeux en me disant « Mon Dieu, ça croustille plus que du bacon cramé, où va-t-elle chercher tous ces hommes ? » Sa dernière histoire n’échappe pas à la règle.

Du café, des clopes, du chocolat, on n’a rarement besoin de plus. En allumant une cigarette, elle me dit :
« Tu sais ce qui m’est arrivé avec ce briquet ?
- Non
- T’as deux heures devant toi ? »

Je regarde ma montre et contemple le fait que dehors, il pleut tellement que même si Johnny Deep en plus grand m’appelle pour me proposer de le rejoindre dans son super palace et baiser comme des bêtes toute l’après-midi, je dis non. Alors je réponds que oui, j’ai du temps, un autre paquet de clopes et une autre tablette de choc.


« Tu te souviens de mon épisode grippe ? Ben c’est arrivé juste le mardi suivant, j’étais encore assez mal.
- Genre morve ?
- Genre morve et teint vert.
- Sympa.
- Et doudoune. Pas maquillée, pas coiffée.
- Hardcore…
- Grave. Donc pas très foxy lady dans l’image, pas au top de la sexytude.
- Je saisis le concept.
- Et là, un mec me demande du feu. Donc je cherche mon briquet dans mon sac, qui est un sac de fille, comme tu sais, donc en bordel. Et je finis par trouver mon briquet, ce briquet, entre un paquet de kleenex et ma pochette capotes-tampons. Et je l’entends me dire que j’ai de très jolies chaussures.
- Lesquelles ?
- Les Irregular Choice noires.
- Ah ouais, donc toi tu sors en doudoune, pas coiffée et pas maquillée, avec de la morve au nez MAIS des super pompes. Normal.
- La base. Mais bon, le mec aime ces chaussures, il ne peut donc pas être mauvais, dans le fond... Et on papote un peu. Il me parle de mes collants rouges, de mes… Sunday ?
- Oui attends, c’est un nouvel élément dans ta tenue, j’essaye d’imaginer : doudoune, super pompes, collants rouges, teint vert. Ca fait un peu sapin de Noël en phase sac poubelle non ?
- Non, c’était très joli. Non, c’était pas top. Bref, c’était pas trop mal non plus PUISQUE ce mec trop hot me parle. Il me demande mon âge, on parle encore un peu et on finit par s’échanger les Facebook. Et avant de nous séparer, il me demande si j’aime les femmes.
- Cash ?
- Cash. Donc bien qu’un peu surprise, je lui réponds très honnêtement que "ça m’arrive".
- C’est très honnête, effectivement.
- On commence rapidement à s’écrire sur Facebook, et dans ses messages pleins de compliments subtils, je sens une envie pressante de m’appeler et de me revoir. Donc je lui donne mon numéro et il m’appelle. Et il me dit : "Je vais y' aller franchement : Tu me plais beaucoup, je te trouve très jolie et intéressante. Je suis trentenaire, je vis de ma passion (blabla), je voyage (blabla), je suis beau garçon… »
- Il doute de rien…
- Non mais je confirme. Il continue sur «  j'aime le sexe et le chocolat. Je n'aime pas les sous-vêtements, ni les collants sauf quand je peux les déchirer. J'aime le triolisme et c'est pour cela que je t'ai posé une question sur tes goûts lors de notre rencontre. Pendant l'amour, j'aime qu'on m'obéisse mais je fais tout pour que la fille prenne son pied un maximum. Quand est ce qu'on couche ensemble ? »
- Monsieur n’y va pas par quatre chemins !
- Non, mais tant mieux remarque, ça fait du bien pour une fois de ne pas tourner autour du pot… Donc moi, à ce moment là, j’avais le feu à ma culotte en plein milieu d’un magasin bio au rayon fruits et légumes… Et nous avons conclu qu’il serait chez moi dans l’heure.
- QUOI ?
- Ouais. Dans l’heure. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud. Donc j’arrive chez moi et je retire mes collants, normal. Et le mec arrive et on s’embrasse longuement et là… Il remarque que j’ai gardé ma culotte. Et ça lui a pas plu…
- Il a fait une scène ? Il est parti ?
- Non ! Il a viré la culotte rapidement avant de reprendre. Et la suite a été complètement géniale. .. J’étais sous ses ordres. Rien de violent, hein, c’était la première fois. Mais moi qui suis plutôt pour le partage des pouvoirs, j'ai adoré me faire diriger complètement, obéir avec gentillesse et soumission. Évidemment, il a eu l'élégance de me dire de l'arrêter si je n'aimais pas ou si il me faisait mal, mais fessées et tirages de cheveux, entre autres, furent des découvertes grisantes.
- Découvertes ?
- Oui, découvertes… C’était extrêmement excitant. On a beaucoup parlé, il m’a dit ce qu’il aimait vraiment faire : assouvir des fantasmes, les siens comme ceux de ses partenaires. On lui dit ce qu’on veut et il fait de son mieux pour le réaliser. Et n'importe qui peut venir lui demander n'importe quoi, ou presque. Il fait toujours de son mieux pour organiser les rêves de son interlocuteur, y participant lui même parfois. C’est son hobby. Comme d’autres aiment le golf.
- Moi je préfère le sien de hobby, j’aime pas le golf.
- Moi non plus. Après notre première session, il m’a montré quelques photos et vidéos perso. De très belles photos, mais je retiens surtout le pouvoir d’attraction sexuelle qu’il exerce sur beaucoup de femmes. Il m’a avoué que je lui avais plu par mon côté femme-enfant. D'un côté il a envie de m'écarter les cuisses avec fougue, de l'autre il veut me protéger du méchant monde en me prenant tendrement dans ses bras…  Puis il m’a posé des questions sur mes expériences, si j’avais des fantasmes… Et moi, je n’ai rien répondu de précis, mais il m’a fait promettre d’y réfléchir. Et il m’a donné des idées intéressantes…
- Putain… T’as trouvé un mec qui a été envoyé sur Terre pour assouvir les fantasmes des gens… C’est la classe… Tu vas le revoir bien sûr ?
- Oui, il m’a dit qu’il me rappellerait. Et que je plairai sûrement à plusieurs de ses copines. Et que la culotte était à bannir de nos prochains rendez-vous. Je suis curieuse de voir ce que ça donnera…
- Bah moi aussi du coup ! Et tout ça grâce à un briquet…
- Oui. Et sans maquillage.
- Respect. »