samedi 25 septembre 2010

Chat mouillé

Panda, il mesure 2 mètres, il est assez baraque, mais il est jeune. Abordé un soir dans une boîte pleine de chemises à rayures et à carreaux (comme dirait Lorraine : « Mes yeux, mes yeux, ça pique ! »), j’ai mis à peu près 30 secondes à le repérer, 30 secondes à traverser la foule de gens derrière laquelle il ne pouvait pas se cacher à cause de sa taille, derrière une Lorraine déchaînée, et 2 minutes à avoir sa langue dans ma bouche. Panda, il est très gentil. C’est pas un roi de la gaudriole, mais il a fini par faire les insinuations nécessaires pour que l’on convienne de rentrer ensemble. Mais plus tard… Pour le moment, je viens d’arriver, j’ai envie de m’amuser un peu avec mes potes.


Lorraine, quand elle est dans le mood, est terriblement efficace. Quand je l’ai rejoint en boîte, ça faisait déjà une heure qu’elle se trémoussait en sirotant toutes sortes de breuvages qui rendraient roflmao n’importe quel coincé à balais dans le cul. De toute façon, elle n’en n’a pas besoin… Donc à peine arrivée, je me sers un verre et je lui dis : « Allons faire un tour », ce qui en langage de biatch que nous sommes le week-end après une certaine heure signifie clairement : « Allons choisir nos victimes ». Lorraine ouvre la marche, et agrippe les mecs qui nous tournent le dos pour voir leurs têtes, montre ouvertement du doigt en me demandant « Et lui, là ? », pince la joue des candidats qui, soit, n’ont peut être rien demandé, mais n’ont en tout cas pas été sélectionnés pour continuer l’aventure.

J’atteins Panda et je commence à lui parler. Lorraine, elle, parle au mec d’à côté. Au bout d’une minute, elle me tapote l’épaule et me dit « A plus tard ! », trainée par le mec en question vers un endroit plus tranquille.
J’aimerais ouvrir une parenthèse sur l’endroit plus tranquille de cette boîte : il n’existe pas. Où que tu te mettes, tu as ou un baffle dans une oreille, ou un baffle dans chaque oreille, ou t’es dans le passage et tu te fais marcher sur les pieds, ou t’es dans la queue des chiottes. Oublie l’idée de t’asseoir, tu n’y arriveras pas. Le mieux qui puisse t’arriver, c’est de trouver un coin de mur disponible pour t’appuyer. Fin de la parenthèse.

Panda ne comprend rien à ce que je lui dis, et je comprends rien non plus. Donc quand j’en ai eu marre de la conversation « Tu viens d’où ? - Il est 4h15 », on s’est roulé des pelles, tripoté puis séparé pour un moment, histoire de rester un peu avec nos potes respectifs avant de rentrer chez moi. Chez moi, où se trouvent actuellement les parents de Julia. Ils dorment dans sa chambre, elle dort dans le salon, c’est ultra confort pour tout le monde… La phase de tripotage laisse entendre que Panda n’est pas si farouche qu’il en à l’air. J’ai envie d’en savoir plus, mettons les voiles !

Avant de partir, je demande à Lorraine où est passé son Apollon.

« Je l’ai jeté… Il voulait qu’on aille chez lui et j’en avais envie.
-    Et ?
-    Et je lui ai dit « Ok mais si t’arrives à me dire comment je m’appelle. »
-    Et ?
-    Et il a pas su. Ca m’a fait chier donc il dégage. »

D’une logique implacable. Lorraine a ses raisons que ses hormones ne peuvent ignorer…

Direction le taxi avec mon Panda sous le bras. Il est vraiment beau et gentil, mais je le sens pas spécialement à l’aise. Alors quand il m’a dit : « Tu t’appelles bien [pas du tout mon prénom] hein ? », j’ai répondu que oui, je m’appelle bien [pas du tout mon prénom]. Il a tellement l’air d’un petit ourson fragile que je n’ai aucune envie de l’accabler de remarques désobligeantes, même si c’est de l’humour. De toute façon, il a l’air tellement premier degré qu’il vaut mieux pas tenter l’expérience… Et puis vu ce qui l’attend, je le ménage.

Dans le hall, je lui explique la situation : « Panda, voilà ce qu’il se passe chez moi en ce moment : les parents de ma coloc dorment dans sa chambre et elle dort dans le salon. Ce qui fait que si elle est déjà rentrée, je vais devoir te faire attendre dans le hall pendant que je passe rapidos dans ma chambre pour ranger un peu…
-    Pas de problème… »

Donc oui, mesdames, messieurs, j’ai fait poireauter Panda devant ma porte pendant que je cachais rapidos le désordre que je m’étais autorisée à laisser pour cause de parents présents. Et non, on n’aurait pas pu aller chez Panda, parce que Panda est de passage et vit actuellement dans le salon d’un pote. Et ça, c’est quelque chose que je refuse de faire depuis la fin de mon Erasmus.

Un fois dans ma chambre, je confirme ma première impression : il est mal à l’aise. J’essaie de le détendre, on parle un peu, on y va doucement : pas moyen. Il est tendu, n’arrête pas de bégayer, fait des mouvements maladroits, s’excuse de ne pas avoir su faire sauter mon soutif comme dans les films… Tais-toi et profite, ça ira mieux dans pas longtemps. Ah, non, pardon… Je n’avais pas prévu le débandage dû à la capote. On a fini par y arriver, mais il n’a pas l’air d’avoir eu envie de faire face à son échec : il m’a donc allongée pour un traditionnel missionnaire qui -vu sa taille- empêcherait tout contact visuel et -vu son autre taille- toute sensation pour moi... Je suis catastrophée… Panda serait plus un lapin qu’autre chose et ne semble pas conscient qu’il pèse autant qu’une petit armoire à glace, donc s’il ne s’aide pas de ses bras, je meurs.

J’ai mouru. Pas longtemps mais quand même, c’était dur. Quand j’ai enfin réussi à haleter un « Hééééé ! Prends moi en levrette, je t’en supplie, comme ça je pourrais respirer ET sentir quelque chose à la fois ! » ça a été nettement moins horrible.

Après son orgasme qui Dieu merci, n’a pas mis longtemps à venir, Panda s’allonge, l’air préoccupé. On discute un peu, je lui répète pour la troisième fois que vraiment, il a l’air nerveux. C’est la première fois que j’ai l’impression d’être un mec qui couche avec une fille peu expérimentée. Au fil de la discussion, j’en viens à la conclusion qu’il n’a certainement pas eu beaucoup de partenaires, et il me dit lui-même qu’il n’a pas l’habitude de « faire ce qu’on vient de faire » (véridique…) avec des filles qu’il ne connaît que depuis quelques heures. Il n’a que deux ans de moins que moi mais j’ai vraiment la sensation de m’occuper d’un petit chaton qui se serait pris une bassine d’eau sur la tronche… C’est donc toute honteuse et avec mille précautions que je l’informe qu’il ne pourra pas passer la nuit avec moi. Il me répond qu’il n’en avait pas l’intention, parce qu’il avait des trucs à faire le lendemain.

Rhabillage, échange poli de numéros « pour essayer de se revoir avant qu’il parte ». Je n’ai pas eu le courage de lui dire que ça serait impossible pour cause de plans avec le Soufflé, en espérant trouver une excuse plus diplomatique avant que le message arrive, s’il arrive… Pour le moment, j’ai d’autres chats à fouetter : je dois survivre à Julia qui reprend tous les titres des Beatles à la guitare dans le salon…

Et elle chante aussi…

2 commentaires:

  1. héhéhé!! Pauvre petit chaton mouillé!! Moi aussi j'aime beaucoup les conversations « Tu viens d’où ? - Il est 4h15 »! Une bonne crise de fou rire...
    LoRraine;)

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  2. C'est le genre de petit bonhomme auquel je fais peur...

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