mardi 10 août 2010

Annoncer la couleur

Dans la vie, j’aime bien les surprises. Les bonnes surprises. La nuit, je supporte mal les mauvaises surprises et je suppose que tout le monde est pareil, hommes et femmes, petits et grands : la nuit, on ménage les gens.
Aussi suis-je devenue la reine de l’anticipation. Au lieu de me prendre une réflexion en pleine gueule, je préviens et je laisse mon compagnon décider. Exemple : « Je te préviens, mon appart est en bordel, tu devras me laisser 5 minutes pour arranger un peu. » En général, le compagnon répond ok. Ou encore ce que Lorraine appelle « Annoncer la couleur : ROUGE ! », l’homme décide ensuite s’il préfère prendre le numéro ou suivre. Et aucun n’a encore pris mon numéro sans suivre…

Donc j’annonce, c’est plus sain pour tout le monde. Mais j’ai malheureusement compris qu’il est des choses que l’on ne peut pas annoncer. Ni prévoir. Voici l’histoire de S..


 J’ai rencontré S. dans un bar. Il était seul avec un pote et j’ai décidé d’aller leur parler. Les deux étaient mignons, la conversation était agréable. Profitant du fait que son pote était aux toilettes, il m’a demandé de choisir entre les deux. Et là, je ne sais pas ce qu’il s’est passé, j’ai pas eu de chance : j’ai choisi S.. Comme à mon habitude, j’annonce la couleur : bordel + fin de règles, ça te va ou quoi ? Il dit ok sans broncher, on va chez moi.

On arrive, je l’abandonne dans le salon pour aller rendre ma chambre plus accueillante. A mon retour, nous discutons sur le canapé à une distance raisonnable : aucun contact physique. C’est étrange, ça me perturbe, on ne s’est toujours pas roulé de grosses pelles pré-coïtales. Il a l’air à l’aise pourtant… Bizarre. Au bout d’une bonne heure de conversation (sa famille, son ex, ses potes, lui, lui, lui et un peu moi…), je commence sérieusement à décliner. On passe à la chambre. Il a l’air d’avoir besoin de directives, donc je le lance sur le lit et prends les choses en main.

Nous  nous embrassons longuement. Très longuement, trop. Alors que je me demande pourquoi à l’heure qu’il est je ne suis pas déjà en train de me lamenter sur mon soutien-gorge en soie qui vient de décéder suite à un test d’élasticité, je me déshabille moi-même, le déshabille moi-même et constate une DME (demi molle exploitable) que je décide de réanimer d’une thérapie buccale… Qui a transformé la DME en DMI (inexploitable, donc…). Je lève la tête :

« Bon, qu’est-ce qui t’arrive là ?
-    C’est un truc qui m’arrive dernièrement…
-    Dernièrement ?
-    Oui, je suis désolé, rien à voir avec toi… »

Je m’en doute, merci. Et S. de s’assurer que je ne le prenne pas mal sans trop se justifier non plus. C’est quelque chose qui lui arrive depuis quelques semaines (WHAT ??), point. Et en plus, on est fatigué, on a bu, etc.

La nuit, je n’aime pas les surprises. J’annonce la couleur, j’annonce le bordel. Mais je comprends aussi qu’on ne puisse pas tout annoncer. Même si on aimerait bien tout savoir pour ne pas être trop déçu de la marchandise. Vous imaginez si je devais tout annoncer ?
-    Je te préviens, je risque de ne pas avoir d’orgasme.
-    Je te préviens, il se peut que j’inonde tes draps.
-    Je te préviens, il se peut que j’aille beaucoup aux toilettes parce que j’ai bu beaucoup, etc.

Ben là c’est pareil :
-    Je te préviens, il se peut que je mette à peine deux minutes à jouir.
-    Je te préviens, j’aime pas les cunnis.
-    Je te préviens, ça fait 48h que je fais la fête avec mes potes et je me suis pas lavé depuis que j’ai commencé.
-    Je te préviens, ça fait plusieurs semaines que je bande pas.

J’aime les défis, nous décidons donc de nous revoir et voir si je ne peux pas l’aider à arranger ça. Je n’y crois pas trop mais devant tant d’optimisme de sa part, je décide de lui accorder une nuit supplémentaire (ou quelques unes…). D’autant plus que S. compense largement son problème de DMI par une conversation extrêmement agréable et variée, et de l’humour. Et des orgasmes à la pelle, comme je constaterai plus tard.
Le premier date fut parfait. Le deuxième m’a déjà fait un peu déchanter (une sombre histoire de lit pas fait alors qu’il savait qu’on allait chez lui). Le troisième m’a tuée. Je ressens le besoin de revenir sur cette soirée, mais elle fera l’objet d’un autre post.

J’aurais été prête à le revoir plus, s’il y avait mis un peu du sien. Le fait est qu’au fur et à mesure des nuits, pas une once de progrès ou des progrès anéantis pas des fous rires de sa part, traduisant une gêne croissante de son côté. J’ai décidé de lui parler franchement : « Rappelle moi quand ça va mieux ».

C’était pas son truc, se voir de temps en temps en sachant qu’au bout d’un moment il allait falloir fournir une érection. J’ai été patiente, je le serai encore si le cas se représente. Mais il est des soirées où si les mecs pouvaient porter des t-shirts à messages explicites comme : « Je ne bande pas et un plan cul n’arrangera rien », ça nous aiderait pas mal.

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