mardi 17 août 2010

Le retour du Soufflé

J'ai revu le Soufflé après notre date désastreux. Je ne l'ai pas cherché, c'est lui qui m'a recontacté, dans le plus pur style "j'ai 15 ans" :

Slt miss, kesk tu devien? tt va bien? jsui sr mon lit, jregard 1 film, jsui fatigué. ta telmt pa aimé q tu me rapel pa pr kon srevoi? haha

Oui. Haha. Après les 5 minutes que m'a exigé le déchiffrage de ce message, j'ai décidé de réfléchir un peu à l'usage que je pouvais faire du Soufflé dans ma vie. Je n'ai rien à lui reprocher à part le fait qu'il est complètement vide de contenu. Un peu comme Closer ou Gala, mieux vaut ne pas lire les commentaires qui accompagnent les images. Tu regardes les photos, tu dis "Oh la vache, Kate Moss elle a un super bikini et Amy Whinehouse elle ferait mieux de pas faire du topless" et tu le jettes. Tu ne fais pas les mots croisés, tu ne lis pas les "articles", tu ne lis pas le courrier des lecteurs : tu regardes les images et tu jettes. On n'encombre pas son cerveau avec des jeux de mots pourris et des analyses de photos douteuses.


Un peu de background s'impose. La première fois que j'ai rencontré le Soufflé, j'ai été éblouie. Le genre d'éblouissement qui n'arrive pas souvent, faute de spécimens de son espèce. Dans la boîte où on s'est rencontré, je l'avais repéré de loin parce qu'il est immense. C'était le plus grand de tous les mecs présents ce soir là. J'ai fini par lui rentrer dedans involontairement (ou pas) et là, j'ai dû lever la tête pour le regarder.
- Eblouissement nº1 : lever la tête pour regarder quelqu'un, ça ne m'arrive pas souvent. En fait, ça m'arrive qu'avec mon père, et encore, quand j'ai pas de talons. Et Maxime, là encore, quand j'ai pas de talons. Et là, avec talons, je devais le-ver-la-tête. C'est ouf.
- Eblouissement nº2 : dans mon trébuchage contrôlé, j'ai été obligée de me rattraper à lui, me vautrant contre son torse. Oh. Mon. Dieu.
- Eblouissement nº3 : il sent bon, il a un sourire tout à fait charmant, c'est un full package. Go.

Il a passé avec brio l'étape drague-fais-moi-glousser. Seule ombre au tableau, il habite chez maman, mais je passe outre, parce que je suis éblouie. Il embrasse bien, et le fait que je doive me mettre sur la pointe des pieds pour m'adonner à cet exercice m'avait plu. Le sexe m'avait plu aussi et laissait présager de nombreuses rencontres toujours plus drôles et, de par sa taille et sa condition physique, toujours plus sportives et riches en nouvelles expériences. Parce que oui, le Soufflé est à ce jour le seul homme à avoir pu me soulever comme s'il soulevait un pack de lait. Drôle de comparaison, soit. Mais tous les hommes qui avaient ignoré mes recommandations jusqu'à ce jour ont blessé leur ego en essayant. Ça donne des situations drôles pour moi, un peu moins pour eux :

"Non, non, n'essaye même pas...
- Si, si, t'inquiètes !
- Non mais vraiment là...
- Si, si, tu vas voir... Euh...
- ... J'ai vu, merci..."

C'est beau la confiance en soi.

Bon, revenons à cette première nuit et à ma mémoire très sélective. Cette dernière avait réussi à occulter un détail important, qui ne m'est revenu que lors de la deuxième nuit. La phrase choc de la première nuit a été prononcée au moment où je lui enlevais son boxer Calvin Klein vu et revu, avec les lettres écrites en gros sur l'élastique pour que ça puisse élégamment dépasser du jean : "Ça te va comme taille ?".

Je vous laisse un instant pour digérer.

Alors oui, Soufflé, tu as une grosse bite, c'est bien. Mais pourquoi tu me demandes si la taille me va ? Ou plutôt, quel style de réponse attends-tu ? Je t'en donne plusieurs en vrac, tu n'as qu'a cocher celle que tu préfères :

- Oh, putain, elle est énorme !
- Je peux la prendre en photo ? Sinon personne va me croire...
- Est-ce que tu as un lien de parenté avec Rocco ?
- Ça va jamais rentrer...

Je crois que ce mec veut qu'on réagisse comme en ouvrant un cadeau à chaque fois qu'on lui enlève son caleçon : étoiles dans les yeux + whaaaaa ! Je n'ai pas répondu à cette question, je me suis contentée de continuer sur ma lancée, sans un mot, juste un "hum hum" qui voulait dire oui en apparence, pour ne pas ternir mon éblouissement et surtout pour éviter de lui dire : "Non mais tu te prends pour qui ?". Et le reste de la nuit a largement rattrapé ce petit écart de conduite narcissique.

Lors de la deuxième nuit, c'est une autre phrase choc qui a achevé toutes les chances de faire de cette relation autre choses que du sexe-merci-au-revoir. En me pénétrant, il m'a demandé : "Je t'ai manqué ?". Voilà. Sunday, le monsieur te demande s'il t'a manqué. Le plus sérieusement du monde. Donc là encore, je me demande ce qu'il attend comme réponse :

- Oui, parce que je n'ai que toi dans ma vie et j'avais vraiment envie de baiser.
- Oui, parce que je n'ai du plaisir qu'avec des bites de ce gabarit et je n'en ai pas trouvé d'autre.
- Non, parce que la dernière fois qu'on s'est vu j'ai marché en canard pendant 3 jours et c'est très inconfortable.
- Non, mais j'avais rien à faire ce soir.

La vraie réponse, c'est que j'étais à cours d'idée pour lui fermer sa gueule après 2h dans un bar à l'écouter étaler ses goût de chiottes et incompatibles avec les miens, tout en encaissant les réflexions anti-tabac à chaque fois que j'allumais une cigarette. Une super soirée qui ne pouvait se rattraper que par du sexe, beaucoup de sexe, et de bonne qualité.

Sexe il y eut, de bonne qualité il fut, mais le Soufflé retrouve malheureusement l'usage de la parole dès son devoir accompli. Et le gros problème, en réalité, c'est que je ne peux pas m'empêcher de le voir comme un gamin de 10 ans coincé dans un corps d'homme. C'est vraiment très étrange. Le voyant prendre son portable, je lui demande ce qu'il fait.

"Je mets un réveil.
- Ah oui ? T'as un truc à faire demain matin ?
- Non, mais j'aime pas rentrer tard et puis de toutes façons, qu'est-ce qu'on ferait ?
- ... Euh... Les gens normaux prennent un petit déjeuner quand ils se lèvent. Mais bon, chacun son truc. Et tu le mets à quel heure ton réveil ?
- 9h30.
- Et il est ?
- 1h30."

Wha, je pensais pas que c'était aussi grave. On n'avait vraiment, vraiment rien à se dire pour être au lit si tôt. Enfin je n'avais rien à dire, parce que lui continuait à trouver plein de sujets de conversation passionnants, comme le fait qu'il avait un lit simple chez lui et que tiens d'ailleurs, on aurait pu y aller parce que sa mère était pas là.

"Et on aurait dormi où ? Dans ton lit une place ?
- Non, dans le lit de ma mère !"

Oh merde, on a touché le fond, feignons l'endormissement.

Le matin, il est parti à 9h30, comme prévu. Je n'ai pas été très démonstrative à la porte, puisque j'avais décidé qu'on verrait bien ce qu'il se passerait. Ce qui nous amène à ce message deux semaines après où il me demande pourquoi je ne l'appelle pas. J'ai répondu que jusqu'à preuve du contraire, il ne m'avait pas appelé non plus. Les messages étant de plus en plus difficiles à déchiffrer, nous avons fini par nous appeler et convenu de nous voir un soir à une heure tardive, sachant qu'il ne pourrait pas rester dormir pour diverses raisons (YES !).

Ce jour là, j'ai trouvé mon équilibre avec le Soufflé : le soir tard, chez moi, deux heures maxi, pas le temps de parler.

Sexe-merci-au revoir.

2 commentaires:

  1. haha!! Superbe anecdote et j'adore la comparaison avec les magasines people! très bien trouvé!

    Je n'ai jamais compris l'essence de la relation qui pouvait s'établir entre un homme et son pénis. J'ai aussi eut droit à des phrases mémorables, qui tombent pile au moment fatidique...

    Tu les laisses dormir chez toi? (alors qu'ils ont une mère pour faire leurs lits)

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  2. J'ai commis cette erreur une fois, la nuit du rendez-vous désastreux. On ne m'y prendra plus...

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