mardi 10 août 2010

Tu parles trop

 Il est de notoriété publique que les femmes parlent. Beaucoup. Enfin souvent, elles pensent à voix haute, elles font « du bruit avec leur bouche » comme dirait Lorraine. Il est donc publiquement reconnu qu’une  femme, c’est chiant pour les hommes, qui eux ne parlent pas et ne pensent pas à voix haute, à moins d’avoir faim, soif ou envie de baiser. Et les hommes, c’est chiant pour les femmes, exactement pour les mêmes raisons, et aussi un peu parce qu’à chaque fois qu’elles demandent « A quoi tu penses ? », l’homme répond invariablement : « A rien. »

J’ai souvent été confrontée au problème inverse : les hommes qui parlent. Alors oui, les femmes se plaignent des hommes qui ne parlent pas, mais ce n’est pas la quantité qui compte ici : c’est bien la qualité. Plantons un décor.



Il est très très tard, tu viens de trouver une excuse bidon pour me ramener chez toi (ou l’inverse). Nous nous affalons sur le canapé du salon, tu me proposes un verre et nous parlons. Enfin tu parles. De tout. C’est le début, tu commences par des sujets sûrs, comme le cinéma, la musique, ou un bar qui te plaît. Au bout d’un certain temps, j’estime qu’il est temps de te faire savoir que je me suis acclimatée à ton chez toi, qu’on n’a pas toute la journée de demain et qu’on ferait mieux d’arrêter de parler musique pour que tu commences à me déshabiller.

Parler avant. Est-ce une marque de respect de la part de certain hommes ? Ils attendent qu’on ait pissé dans les coins avant de nous sauter dessus, histoire qu’on ne se sente pas utilisées ? Hypothèse écartée parce que ce cas de figure s’est présenté chez moi et hors de chez moi. J’écarte aussi tout de suite l’hypothèse de l’intérêt hors du commun de ma conversation. Je demande à Lorraine :

« Moi je parle jamais en rentrant avec un mec, en général on commence déjà dans l’ascenseur, alors t’imagines si on devait s’arrêter pour parler dans le salon ?
- C’est pas de ma faute si dans tous les apparts où je vais le salon est beaucoup plus prêt de l’entrée que la chambre… Et c’est pas ma faute si j’ai une tête à être intéressée par ce que les mecs me racontent. Je sais très bien mentir, c’est mal, je sais.
- Ton problème, c’est aussi que souvent tu n’as même pas encore embrassé le mec quand vous arrivez à l’appart ! Roule des pelles, ça coupe court ! »

Pas si sûr. Parce que le problème se pose même après, quand tous suants et hors d’haleine nous nous écroulons sur le lit. Ca n’arrive pas à chaque fois, mais c’est très (trop ?) fréquent pour ne pas se pencher sur la question. Après le sexe, moi j’aime bien me taire. Le silence me plaît, c’est comme ça. Pas le silence absolu : on peut lancer deux ou trois conneries, on peut parler de trucs légers, voir même continuer à se dire des trucs salaces, mais tu ne peux PAS faire un monologue.

Si l’homme est satisfait de sa performance, il va parler de choses triviales, n’hésitant pas à reparler de musique, cinéma ou de bars qui lui plaisent. C’est une question de confiance peut-être, il sait que j’ai passé un très bon moment et meuble jusqu’à ce qu’on remettre le couvert. S’il préfère dormir, il dira quelques phrases afin que je ne me sente pas comme un trou avant de sombrer dans un coma profond et me laisser tranquille.
Mais si l’homme n’est pas content de sa prestation, s’il a la sensation que j’ai compté les lattes du plafond, s’il est traumatisé par une absence d’orgasme ou son débandage, le problème se corse. Ca peut commencer par des compliments. Des gros compliments qui sonnent un peu faux, comme s’il allait maquiller sa peur du jugement par une extrême gentillesse ou en manifestant son admiration : quel corps magnifique, tu m’excites beaucoup, j’aime tes seins, j’aime tes fesses, etc. Puis viennent les questions sur ce que j’aime, ou si j’ai aimé. Et là, ça dérape invariablement sur les autres. Les autres filles qu’ils ont connu, les autres fois où ça leur est arrivé de débander, pas faire jouir une fille, pas jouir, qu’une fille se fasse chier, les exs, le temps que ça fait qu’ils sont célibataires, si c’est dur, si c’est douloureux. Souvent ils mentionnent que la capote n’arrange rien, que c’est cent fois mieux sans, que si on pouvait baiser sans capotes tu marcherais en canard pendant deux jours au lieu d’être là, allongée à côté de moi, levant les yeux au ciel.

Lorraine et Myriam me disent souvent que je devrais faire payer ma psychanalyse post-coïtale. Que ça ait marché ou pas, je les ai tous rassurés. Je me confonds en « C’est pas grave, il est tard, on a beaucoup bu, t’es certainement pas très en forme en ce moment, etc. ». En attendant, ça ne les empêche pas de continuer à parler pour se sentir moins bêtes ou reprendre confiance en eux. Ou parce que les silences les mettent mal à l’aise, tout simplement. Et en attendant, moi je peux pas dormir.

Spéciale dédicace à S.. S., si un jour on se recroise… TAIS TOI !

2 commentaires:

  1. L'analyse est juste rien à dire.
    Je ne sais pas si elle emane d'une seule personne,
    si c'est le cas alors je m'adresse à une femme
    d'experience respect.
    Juste une question:
    Tu décris très bien les travers et les comportement maladroit de la gente masculine
    En parcourant différents sujets, j'ai ressenti de la déception dans les textes.
    Voilà ma question :
    Ne crois tu pas que nous aussi le sexe faible
    "devenu fort,très fort" nous avons une bonne part de résponsabilité dans nos déception amoureuse ?
    C'est pauvres petits ne devinent pas forcément nos envies et les plus jeunes on souvent besoin d'étre accompagnés,rassurés. BLV/vLO

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  2. Bien sûr que les femmes ont une part de responsabilité là dedans, c'est une activité qui nécessite deux personnes consentantes. Je n'écris pas que sur les déceptions, au contraire, j'ai souvent parlé d'hommes doués, comme Mr. VIP ou Mister France. Ecrire les travers est tout simplement plus drôle, parce qu'on se rend rapidement compte qu'on passe toutes et tous par ces moments-là.

    Merci d'avoir commenté, j'espère te voir plus souvent !

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